Médias et textes d’opinion /president/fr fr Opinion: As ɬ﷬’s president, I have a duty to all students, no matter their views /president/article/media-and-opinion-editorials/opinion-mcgills-president-i-have-duty-all-students-no-matter-their-views <span>Ce que signifie pour moi être à l’écoute des étudiants de ɬ﷬</span> <span><span>deidre.mccabe@…</span></span> <span><time datetime="2025-08-15T14:25:32-04:00" title="Vendredi 15 août 2025 - 14:25">ven 15/08/2025 - 14:25</time> </span> <div class="article__body field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field__item"><p><em>Ce texte d’opinion a été publié en français dans&nbsp;<a href="https://www.lapresse.ca/dialogue/opinions/2024-08-08/ce-que-signifie-pour-moi-etre-a-l-ecoute-des-etudiants-de-mcgill.php">La Presse</a>&nbsp;le 8 août 2024</em></p> <p>Pendant la collation des grades, un cri provenant du fond de la salle vient interrompre mon allocution&nbsp;: «&nbsp;Tu devrais avoir honte, Saini&nbsp;! Écoute tes étudiants&nbsp;!&nbsp;»</p> <p>Depuis le 7&nbsp;octobre&nbsp;2023, des cris semblables retentissent un peu partout sur les campus du pays, et de plus en plus fort depuis l’apparition des campements. On espère ainsi contraindre les universités à prendre parti, par leurs décisions et leurs actions, dans un conflit géopolitique qui se déroule à l’autre bout du monde. Or, pareille prise de position déborderait largement le cadre de leur mission.</p> <p>Chaque fois qu’on m’a ainsi interpellé, je me suis demandé de qui provenaient ces demandes. D’une poignée d’étudiants et d’étudiantes qui ont l’habitude de pousser les hauts cris, en se cachant presque toujours derrière un masque&nbsp;? De ceux et celles qui disent être la cible d’intimidation sur le campus et qui redoutent ces gestes au point de ne plus venir à leurs cours&nbsp;? De ceux et celles qui, profondément blessés, sont en quête d’empathie et appellent à l’aide&nbsp;? De ceux et celles qui me rappellent qu’il y a deux grands acteurs dans ce conflit et que lorsque vient le moment de distinguer l’assaillant de la victime, les opinions divergent&nbsp;? Ou de la majorité silencieuse qui souhaite simplement suivre ses cours et dont les murmures, se perdant dans les hauts cris, sont inaudibles&nbsp;?</p> <p>J’ai le privilège de travailler avec une formidable cohorte de 40&nbsp;000&nbsp;étudiants et étudiantes aux identités, nationalités, croyances et opinions politiques multiples. Il est de mon devoir d’être à l’écoute de tous ces étudiants et étudiantes.</p> <p>En ce qui concerne la crise au Moyen-Orient, les étudiants et étudiantes ont des points de vue divergents sur une guerre aux conséquences dévastatrices tant pour les Israéliens que pour les Palestiniens, et qui marque profondément&nbsp;– sur un plan très personnel&nbsp;– de nombreux membres de notre communauté. Devant les émotions complexes et bien réelles que suscite cette crise, les dirigeants d’universités ont un devoir d’empathie. C’est là une tâche infiniment plus compliquée que semblent le croire les forces coercitives qui malmènent les universités pour les contraindre à prendre parti. En cédant à ces pressions, non seulement les universités sortiraient largement du cadre de leur mission académique, mais elles iraient carrément à l’encontre de cette dernière.</p> <p>Mes parents sont des survivants de l’effroyable bain de sang qui a marqué la partition des Indes, et j’ai moi-même vécu trois guerres. La dévastation, les divisions et le sectarisme qu’engendrent les conflits violents ne me sont nullement étrangers. J’appelle de tous mes vœux l’installation d’une paix durable entre Palestiniens et Israéliens, mais cette perspective leur appartient à eux&nbsp;; c’est à eux d’abord et avant tout qu’il incombe d’en arriver à cette paix. Même si elles le pouvaient, les universités ne sauraient imposer une solution à l’une ou à l’autre partie.</p> <h2>Le rôle complexe des universités</h2> <p>Une université se doit d’être un lieu de formation, de foisonnement des idées et d’échanges constructifs. Cela va de soi, me direz-vous. Et pourtant, ce rôle est d’une incroyable complexité, surtout dans le contexte actuel, où la nuance est beaucoup trop souvent évacuée au profit d’idéologies dogmatiques emmurées dans des chambres d’écho. Lorsque des militants exigent des universités qu’elles souscrivent à leur discours et à nul autre, ou qu’elles prennent des mesures visant essentiellement à décimer ou à dénigrer la partie adverse, ils leur demandent ni plus ni moins d’abdiquer ce rôle. Trop souvent, ces militants n’admettent aucune contestation de leurs revendications&nbsp;: ils exigent qu’elles soient satisfaites et sont déterminés à prendre tous les moyens qu’il faut pour imposer leur volonté.</p> <p>Voilà où nous en sommes. C’est une situation troublante et dangereuse pour les universités, mais plus largement pour l’ensemble de la société.</p> <p>Dans ce contexte, les universités doivent être de hauts lieux d’ouverture et de résistance aux discours polarisants&nbsp;; elles doivent se glisser dans cette zone grise, pleine d’ambiguïtés, située entre des «&nbsp;vérités&nbsp;» que d’aucuns jugent incontestables.</p> <p>Cette zone est le théâtre de tous les apprentissages et de toutes les idées, quêtes et découvertes. Il n’est pas facile en ce moment d’inviter les étudiants et étudiantes à nous rejoindre dans cette zone, j’en conviens. Mais je ne désespère pas. Au cours des dernières semaines, j’ai rencontré de nombreux groupes d’étudiants mcgillois qui, ensemble, composent une mosaïque d’identités et d’opinions divergentes sur le conflit. Ils et elles m’ont parlé de l’angoisse qui les étreint à la vue des calamités affligeant certaines parties du monde et de la peur que fait naître chez eux la haine sévissant ici même, chez nous. Ils et elles attendent de leur université qu’elle prenne acte de leur humanité, agisse avec empathie, adhère à des principes et leur offre un milieu où ils et elles pourront réaliser pleinement leurs aspirations, dans la fierté de leur identité.</p> <p>Ce sont là des attentes éminemment raisonnables. Leur transversalité nous permet d’espérer que les différences n’empêchent en rien les échanges et le dialogue. Voilà comment l’université peut devenir un modèle pour la société civile.</p> <p>«&nbsp;Écoute tes étudiants&nbsp;!&nbsp;». Alors oui, bien sûr, j’entends répondre à cet appel.</p> <p>Et j’écouterai tous mes étudiants.</p> <p>&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p></div> Fri, 15 Aug 2025 18:07:12 +0000 deidre.mccabe@ɬ﷬.Ca 838 at /president Deep Saini: ɬ﷬ encampment an illegal occupation, not a peaceful protest /president/article/media-and-opinion-editorials/deep-saini-mcgill-encampment-illegal-occupation-not-peaceful-protest <span>Pour ɬ﷬, ce n’est pas une manifestation pacifique</span> <span><span>deidre.mccabe@…</span></span> <span><time datetime="2024-07-18T10:38:33-04:00" title="Jeudi 18 juillet 2024 - 10:38">jeu 18/07/2024 - 10:38</time> </span> <div class="article__body field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field__item"><p class="mds-l-box--standard"><em>Ce texte d’opinion a été publié en français dans <a href="https://www.lapresse.ca/dialogue/opinions/2024-05-22/campement-propalestinien/pour-mcgill-ce-n-est-pas-une-manifestation-pacifique.php">La Presse</a> le 22 mai 2024</em></p> <p>La souffrance humaine causée par le conflit au Moyen-Orient affecte profondément bon nombre de gens partout dans le monde, y compris à l’Université ɬ﷬. La tristesse, la colère et l’anxiété se sont immiscées dans notre quotidien, et surtout dans la vie des membres de notre communauté qui entretiennent des liens personnels avec la région.</p> <p>Les points de vue divers, et souvent opposés, donnent lieu à de vifs débats. Des membres de communautés universitaires et des personnes de l’extérieur convergent vers les universités pour faire entendre leur voix.</p> <p>Pour favoriser l’enseignement, l’apprentissage et la recherche, les universités doivent ouvrir la porte aux débats et à la remise en question des conventions. C’est pour cette raison qu’il faut protéger le droit de manifester, peu importe la cause. Toutefois, sur de nombreux campus, la situation actuelle outrepasse les limites de la manifestation.</p> <p>Depuis le 27&nbsp;avril, un campement propalestinien occupe le campus du centre-ville de l’Université ɬ﷬ et continue de s’étendre. Des centaines de personnes, masquées pour la plupart, disent vouloir rester sur les lieux tant que l’Université ne coupera pas ses liens avec Israël.</p> <p>Nous avons discuté en toute bonne foi avec les participants et avons tenté de parvenir à une entente, notamment en leur faisant les propositions suivantes&nbsp;:</p> <ul> <li>étudier la possibilité de désinvestir, sans égard à la situation géographique et dans le respect de nos valeurs, dans des entreprises dont les revenus proviennent en grande partie du marché des armes, conformément à nos politiques en vigueur, et de manière accélérée&nbsp;;</li> <li>intensifier les liens entre l’Université ɬ﷬ et des établissements de Gaza et de Cisjordanie, et fournir un soutien d’urgence aux étudiants et aux chercheurs déplacés&nbsp;;</li> <li>étendre la divulgation des placements de l’Université ɬ﷬ aux avoirs en actions d’une valeur inférieure à 500&nbsp;000&nbsp;$, lorsque cela est possible.</li> </ul> <p>Ailleurs dans le monde, des manifestants ont vu dans des offres similaires une démarche constructive et ont conclu des ententes avec des administrations universitaires.</p> <p>Pourtant, à l’Université ɬ﷬, les occupants continuent d’éviter les échanges sérieux.</p> <p>Les participants demandent principalement à l’Université de cesser d’investir dans certaines organisations&nbsp;– y compris des établissements universitaires – en raison de leur situation géographique, et de couper tous les liens avec elles. Une telle mesure entraverait la mission de l’Université ɬ﷬ et sa capacité à offrir un milieu sain et sécuritaire.</p> <p>D’expérience, nous savons que c’est en adoptant une position neutre sur les conflits géopolitiques que notre université soutient le mieux l’ensemble de sa communauté, dont les 50&nbsp;000&nbsp;membres ont des opinions politiques, des identités, des origines et des croyances diverses, et embrassent des causes diverses. Par leur formation, les étudiants et les chercheurs n’hésitent pas à remettre en question les idées reçues et à contester les instances dirigeantes. L’avancement du savoir n’est possible que dans un milieu inclusif où il est possible d’exprimer des points de vue variés et de tenir des conversations difficiles.</p> <h2>Une occupation illégale</h2> <p>Cependant, le recours à l’intimidation va à l’encontre de nos valeurs. La situation en cours à l’Université ɬ﷬ n’est pas une manifestation pacifique&nbsp;: il s’agit d’une occupation illégale.</p> <p>Des barricades entourent le campement, et les participants refusent l’accès à certaines personnes, y compris aux pompiers et aux policiers, et ont bloqué la sortie d’urgence d’un immeuble. De nombreux graffitis blasphématoires ont également été peints sur nos immeubles patrimoniaux.</p> <p>Qui plus est, le campement attire des contre-manifestations. Il y a quelques semaines, deux groupes composés de centaines de personnes se sont retrouvés sur notre campus, séparés par environ 100&nbsp;agents de police. Lors de ce genre d’évènements, les slogans scandés&nbsp;– quelle que soit leur nature ou leur origine – perturbent les gens et créent un sentiment d’exclusion et d’insécurité chez certains membres de notre communauté universitaire.</p> <p>Nous avons été contraints de trouver un autre lieu pour nos cérémonies de collation des grades du printemps. Nos nouveaux diplômés ne pourront donc pas vivre ce grand moment sur notre magnifique campus du centre-ville, comme le voudrait la tradition.</p> <p>Tout récemment, des membres de la haute direction de l’Université et leurs familles ont été intimidés à leur domicile par des groupes ayant des liens évidents avec le campement. Ce harcèlement est inadmissible.</p> <p>Dès le début, nous avons collaboré avec les forces de l’ordre, à qui nous avons fait appel pour mettre fin à l’occupation dans le calme.</p> <p>Nous déployons d’importants efforts pour assurer un climat de sécurité pour chaque membre de notre communauté. Cela dit, pour préserver ce climat, il nous faudra mettre en place une action plus coordonnée.</p> <p>La recherche d’une solution à un conflit qui dure depuis des décennies dépasse le mandat et les moyens de n’importe quelle université. Les campements établis à l’Université ɬ﷬ et sur d’autres campus font ressortir les tensions et les divisions qui se sont grandement intensifiées dans la société canadienne depuis le 7&nbsp;octobre. Ces problèmes ne touchent pas que les universités&nbsp;– ils sont régionaux et nationaux.</p> <p>Dans leur recherche de solutions efficaces et pacifiques, les universités doivent pouvoir compter sur la collaboration et la détermination des représentants de tous les ordres de gouvernement.</p></div> Thu, 18 Jul 2024 14:25:49 +0000 deidre.mccabe@ɬ﷬.Ca 791 at /president Positioning Canada’s universities for the future /president/article/media-and-opinion-editorials/positioning-canadas-universities-future <span>Positioning Canada’s universities for the future</span> <span><span>deidre.mccabe@…</span></span> <span><time datetime="2024-07-18T10:13:26-04:00" title="Jeudi 18 juillet 2024 - 10:13">jeu 18/07/2024 - 10:13</time> </span> <div class="article__body field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field__item"><p class="mds-l-box--standard">Cet article a été publié en anglais dans <em><a href="https://universityaffairs.ca/features/feature-article/positioning-canadas-universities-for-the-future/">University Affairs</a> le 6 décembre 2023</em></p> <p>Deep Saini began his term as the chair of the board of directors for Universities Canada in October 2023. The 18th principal and vice-chancellor of ɬ﷬, he is a career academic with a research background in plant biology. He most recently served as president of Dalhousie University and, prior to that, was vice-chancellor and president of the University of Canberra in Australia. Dr. Saini grew up in India and received his PhD in plant physiology from the University of Adelaide in Australia. I recently caught up with Dr. Saini to discuss his aspirations and thoughts on the current challenges facing Canadian higher education.</p> <p><strong><em>University Affairs</em></strong><strong>:&nbsp;</strong><strong>What do you hope to accomplish in your new role as chair of the board of directors of Universities Canada?</strong></p> <p><strong>Dr. Saini</strong><strong>:</strong>&nbsp;We are at a time where we need to be much more deliberate about educating Canadians about the value of universities to this country. In my view, the role of Canada’s universities has never been more critical to the advancement of our society. We are the economic and social anchors within our local economies, and yet that is not widely recognized. At the national level, universities are where major issues get debated, where solutions are found, and where the talent that drives our country forward is developed. Universities also serve as Canada’s global ambassadors in terms of educational diplomacy; we are among the biggest connectors in the world. We are also the town square of our country and the conveners of societal debate, especially on big issues where we are in a position to play the honest brokers. However, we don’t always step up and assume all those roles with equal emphasis. Those are some of the major ways in which I would like to better position Canada’s universities.</p> <p><strong>UA</strong><strong>: The role of universities as a town square appears increasingly under threat with isolated incidents of conferences being canceled and professors being censored or punished for expressing certain political positions. How can universities protect their space where civil debate can happen freely and opinion can be challenged respectfully? &nbsp;</strong></p> <p><strong>Dr. Saini:</strong>&nbsp;This is a very timely question because we’re living through that right now. The first thing is education. Ignorance thrives in dark places. An education, however, has the power to shine a light on those dark places, to open new horizons and sensibilities that prevent disinformation and misinformation from taking root. Secondly, speaking up on difficult issues is never easy, and there have always been people who have tried to stifle academic freedom and free speech. As university leaders, we have a moral obligation to stand up with courage to defend the freedom to debate difficult issues. Of course, if debate degenerates into incitement of violence, hatred, or breach of law, we have to step in as well. But there must be a pretty good reason for such an intervention and the bar for that has to be quite high. For example, being uncomfortable with an issue or feeling insulted are not sufficient reasons to stop debate. We must learn as a society that uncomfortable encounters happen in life, and that that’s very much part of a good debate. A healthy debate that puts our preconceived notions to the test is often how we arrive at the right decision, so it is indeed something that is worth protecting.</p> <blockquote> <p>“Ignorance thrives in dark places. An education, however, has the power to shine a light on those dark places, to open new horizons and sensibilities that prevent disinformation and misinformation from taking root.”</p> </blockquote> <p><strong>UA:</strong><strong>&nbsp;Universities across the country are also increasingly facing threats to their institutional autonomy. Whether it is demands to tie funding to labour market needs, government representation on boards, or more recently in Quebec, the tuition levels for out-of-province and international students. How do you defend against those encroachments and protect institutional autonomy?</strong></p> <p><strong>Dr. Saini</strong><strong>:</strong>&nbsp;There is one common element among the nature of these encroachments: they generally come from a position of ignorance, and very often those who are doing the encroaching don’t quite have the facts. The interference also often comes from a position of some kind of power. The antidote to ignorance is evidence and information. We haven’t always been very good at distilling down the facts to a level that general population can understand. We must sharpen the art of translating facts into simple language and presenting the information in a way that is more accessible. This often means that, in addition to correcting ignorance and misinformation, we also have to confront deliberate disinformation. That’s when it gets tricky, because university leaders must tread the fine line between speaking up and safeguarding the interests of the institutions they serve. The stakes for society and humanity are increasingly high, so those of us who are in a position to influence decisions with facts must find the right combination of courage and tact to speak up.</p> <p><strong>UA:</strong><strong>&nbsp;It is rare for a university leader to have served in leadership positions at six Canadian universities, not to mention your international experience in Australia and India, where you grew up. How does that breadth and depth of experience influence your leadership style?</strong></p> <p><strong>Dr. Saini:</strong>&nbsp;Let me point to three aspects of my journey that are particularly relevant in this regard. In the 41 years since I arrived in Canada, I’ve experienced this country almost from coast to coast and in a very immersive way. I know exactly how it feels to be in a university in Alberta versus Quebec or Ontario versus Nova Scotia, and what issues and opportunities are specific to each context. I believe that’s an asset that I offer to bring people together.</p> <p>The other element is my international experience. I’ve experienced Australia as a graduate student and then as a university president. I’ve experienced India as an undergraduate student and a master’s student, and, more recently, given India’s emergence as a global player, I am often working to connect India with the rest of the world and vice versa. From this broad East-West perspective, I see clearly how the centre of gravity of the world is shifting eastward, and how we in the West can position ourselves to seize the attendant opportunities.</p> <p>And third, we live in a time when inclusion, access, and the need to diversify our workforce is critical for success. I don’t see diversity as just a nice thing to do; I see it as an operational necessity and a competitive advantage. I am a stickler for excellence, but I also believe very strongly that nobody should be deprived of the opportunity to excel because of their background or circumstance. We are a very diverse country, and we must harness all that diversity to the benefit of the country. I believe I can bring my lived experiences to both the debate on this issue as well as the implementation of appropriate measures to attain our objectives.</p> <p><strong>UA:</strong><strong>&nbsp;Many international students are struggling to pay very high tuition fees, then looking to pursue a chosen career in Canada that sometimes does not materialize after graduation. How concerned are you that Canada and its academic institutions are not fulfilling their promise to international students?&nbsp;</strong></p> <p><strong>Dr. Saini:</strong>&nbsp;I agree with some of that but not necessarily with the rest. Yes, in an ideal world, I would want everybody to have an education that is free and accessible, and high tuition has introduced a very different element to international education than when I was a student. This said, education costs money, and someone has to cover the cost. While domestic students are funded through a combination of tuition, government grants and tax-financed infrastructure, it is tuition alone that is available to the universities to cover the entire cost of educating an international student. That’s where the disparity comes from. There is also the issue of value for money. I would say that students who come to study at our universities are getting some of the best education in the world at a fraction of the price that they would pay, for example, south of the border. The problems you point to relate to the many sub-standard actors who have gotten into the act. As a country, we need to pay attention to this, and not simply leave it to the devices of free enterprise. It has introduced a distortion in the system that is unhealthy for the country.</p> <p><strong>UA:&nbsp;</strong><strong>What aspect of your new role are you most looking forward to?</strong></p> <p><strong>Dr. Saini</strong><strong>:</strong>&nbsp;Universities in Canada come under provincial jurisdiction, so we spend a lot of time working with the provinces. Universities Canada is the only institution that provides a unifying forum that functions at the national level. There is a lot of diversity among universities and the situations in which they exist – geographically, economically, politically, and so on. But they are united in one regard that they collectively comprise one of Canada’s biggest national assets. This opportunity to function at that level, to engage with university leadership from across the country, and to help showcase the value of this amazing national asset is what I’m most looking forward to.</p> <p><strong>UA</strong><strong>: What do you consider the most pressing concerns facing universities in the next decade?</strong></p> <p><strong>Dr. Saini</strong><strong>:</strong>&nbsp;We have already spoken about some of them, and I could add the often-discussed funding challenges to that. But let me go to two different ones.</p> <p>One is the assault on trust by the modern vehicles of misinformation and disinformation. Universities were once the bastion of trustworthy information, but the pillars of trust in our society are being demolished, partly by bad actors and partly by the social media channels that have spawned on the technologies we created through our own ingenuity – with the former often exploiting the capabilities of the latter. Social media is incredibly powerful. I liken it to a matchstick – you can light the world with it, and we have, or you can burn the world down with it, and I fear we could end up doing that. We need to take control of these tremendously powerful channels of misinformation and disinformation.</p> <p>Second, I constantly hear from students just how worried they are about the future, and how they want to do something about it. That anxiety concerns me deeply, but accompanying this is also an opportunity to harness the tremendous energy of our youth to address the big problems that are rapidly coming at us, including climate change and what I see as an increasing global disorder. As the institutions where those young people reside, learn and develop themselves, it is incumbent upon us to step up and help channel their interests, passions and energy to help steer the world back in the right direction.</p> <p><em>This interview has been condensed and edited for clarity.</em></p></div> Thu, 18 Jul 2024 14:09:37 +0000 deidre.mccabe@ɬ﷬.Ca 789 at /president President’s Perspective: A serious threat to our special culture /president/article/media-and-opinion-editorials/presidents-perspective-serious-threat-our-special-culture <span>Une sérieuse menace pour notre culture unique</span> <span><span>deidre.mccabe@…</span></span> <span><time datetime="2024-07-18T10:01:55-04:00" title="Jeudi 18 juillet 2024 - 10:01">jeu 18/07/2024 - 10:01</time> </span> <div class="article__body field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field__item"><p class="mds-l-box--standard"><em>Ce texte d’opinion a été publié en français dans <a href="https://mcgillnews.mcgill.ca/fr/une-serieuse-menace-pour-notre-culture-unique/">ɬ﷬ News</a> en novembre 2023.&nbsp;</em></p> <p><em>Le 13 octobre dernier, le gouvernement du Québec a annoncé sa décision de modifier le modèle de droits de scolarité pour les étudiantes et les étudiants de l’extérieur de la province qui fréquentent une université québécoise. Ces changements, qui ne toucheraient pas les étudiants déjà inscrits à l’Université ɬ﷬, devraient entrer en vigueur à l’automne 2024.<br> <br> En vertu de cette décision, les droits de scolarité des étudiants canadiens de l’extérieur du Québec doubleraient pratiquement, passant de 8 992 $ à environ 17 000 $. Les changements s’appliqueraient aux programmes de premier cycle ainsi qu’aux programmes de maîtrise non spécialisée en recherche et aux programmes de maîtrise professionnelle.<br> <br> Avec le recteur Deep Saini, nous avons abordé les répercussions possibles des changements proposés et la position de l’Université sur cette décision du gouvernement.</em></p> <p><strong>Quelles seraient les conséquences des changements proposés pour l’Université ɬ﷬?</strong></p> <p>En plus d’augmenter les droits de scolarité que devraient verser les étudiantes et les étudiants canadiens de l’extérieur de la province, le gouvernement modifierait le modèle de financement des universités, Québec récupérant ainsi une plus grande part des droits de scolarité de l’effectif étudiant international. Si le gouvernement officialise les changements proposés, le tribut à payer sera fort lourd pour l’Université ɬ﷬. Il n’y a qu’à penser à la chute du nombre d’étudiants inscrits, à la perte importante de revenus, aux conséquences dévastatrices sur certaines facultés et à l’interruption ou à la réévaluation de certains projets d’infrastructure d’envergure.</p> <p><strong>Quelles seraient les conséquences des changements proposés sur l’effectif étudiant et les finances de l’Université ɬ﷬?</strong></p> <p>Une hausse aussi considérable des droits de scolarité entraînera une réduction importante du nombre d’étudiants canadiens de l’extérieur de la province. Bien que nous allions redoubler d’efforts pour recruter ailleurs les étudiants qui rempliront les places disponibles, 20 % de ces places resteront libres selon notre</p> <p>scénario le plus optimiste. Dans le pire des scénarios, cette proportion pourrait atteindre 80 %.</p> <p>Si l’on ajoute les pertes causées par la récupération d’une plus grande part des droits de scolarité de l’effectif étudiant international, l’Université ɬ﷬ pourrait subir une réduction de ses revenus annuels de l’ordre de 42 à 94 millions de dollars.</p> <p>Ces pressions financières sont inquiétantes, mais je me préoccupe aussi des conséquences possibles des changements sur notre effectif étudiant et son expérience à l’Université ɬ﷬.</p> <p>Certaines de nos facultés perdront la plupart de leurs étudiants issus d’ailleurs au Canada. Le coup sera particulièrement funeste pour l’École de musique Schulich, dont la population étudiante au premier cycle provient à près de 40 % de l’extérieur du Québec.</p> <p>La Faculté des sciences de l’agriculture et de l’environnement, la Faculté des sciences de l’éducation et les programmes interfacultaires de baccalauréat ès arts et ès sciences seront aussi grandement pénalisés par une diminution de l’effectif étudiant de l’extérieur de la province.</p> <p>Étant donné qu’un tiers de nos étudiants-athlètes viennent de l’extérieur du Québec, nos équipes universitaires seront également fortement touchées. Il nous faudra peut-être dissoudre ou amputer les équipes des Redbirds et des Martlets.</p> <p>En raison de l’incertitude financière qui plane depuis l’annonce de la hausse des droits de scolarité, il pourrait devenir nécessaire de mettre en œuvre certaines mesures importantes de réduction des coûts, notamment un gel de l’embauche. Nous ferons tout en notre pouvoir pour éviter la suppression de postes, mais nous pourrions être forcés d’envisager aussi cette possibilité.</p> <p><strong>Quelles seraient les répercussions des mesures annoncées sur l’expérience étudiante?</strong></p> <p>L’effectif étudiant mcgillois est unique au pays, et sa remarquable diversité contribue à faire de l’Université un endroit extraordinaire. Nos étudiantes et nos étudiants, francophones et anglophones, viennent du Québec, ainsi que des quatre coins du Canada et du monde. À l’Université ɬ﷬, une étudiante de</p> <p>Trois-Rivières peut côtoyer des étudiants de Toronto, de Tokyo, de Turin et de Truro, en Nouvelle-Écosse. Leur vision du monde sera en partie définie par les interactions qu’ils entretiendront en classe.</p> <p>Les mesures proposées par le gouvernement auraient fort probablement pour effet de modifier la composition de notre effectif étudiant, ce qui représente une sérieuse menace pour la culture unique que nous avons forgée et que nous tentons de préserver.</p> <p>Le gouvernement soutient que la présence d’étudiants de l’extérieur de la province contribue au déclin du français, particulièrement à Montréal, et que la plupart de ces étudiants ne restent pas au Québec après leurs études, malgré l’absence de données sur ce dernier point. L’Université ɬ﷬ est sensible à ces préoccupations, et quand le gouvernement a annoncé les changements proposés, nous étions sur le point de lancer un programme ambitieux visant à y répondre. J’aimerais y revenir un peu plus tard.</p> <p>Les étudiantes et les étudiants de l’extérieur de la province restent-ils tous au Québec après leurs études? Non, mais par le passé, bon nombre d’entre eux l’ont fait et se sont installés ici. Certains se sont joints à l’Orchestre symphonique de Montréal ou à un groupe de rock indépendant, d’autres ont ouvert un restaurant, ont lancé une entreprise, ont contribué à l’essor des secteurs de l’intelligence artificielle et des jeux vidéo, etc.</p> <p>Quant aux étudiantes et aux étudiants qui retournent vivre dans leur province natale, ils le font après avoir développé une vive appréciation pour la culture québécoise, une meilleure compréhension de la société québécoise et une affection sincère pour la ville et la province. Certains d’entre eux décrocheront un poste important, notamment au sein du gouvernement et du monde des affaires ou universitaire. Le réseau qu’ils auront tissé leur profitera, et profitera aussi au Québec.</p> <p>N’oublions pas non plus que durant chaque année de leur séjour ici, les étudiants de l’extérieur du Québec injectent des centaines de millions de dollars dans l’économie de la province.</p> <p><strong>Vous avez mentionné que l’Université ɬ﷬ préparait un programme afin de répondre à certaines préoccupations du gouvernement relativement aux étudiants de l’extérieur de la province?</strong></p> <p>Avant que le gouvernement ne dévoile son intention de hausser les droits de scolarité, nous nous préparions à annoncer la création du programme Rayonnement du français, assorti d’un investissement initial de 50 millions de dollars sur cinq ans. Ce programme comprend de nombreux aspects, mais il a avant tout été créé pour faciliter l’intégration linguistique et culturelle de nos étudiantes et de nos étudiants non francophones, ainsi que des membres de notre corps professoral et de notre personnel, dans la société québécoise.</p> <p>Nous souhaitons bonifier considérablement notre offre de programmes en français, de programmes d’immersion et de stages en français auprès d’employeurs québécois destinés à la communauté mcgilloise. Le programme Rayonnement du français permettrait aussi de renforcer nos partenariats avec les autres universités du Québec.</p> <p>L’enseignement du français constitue l’un de nos meilleurs outils pour garder au Québec les personnes provenant de l’extérieur; j’en suis d’ailleurs une preuve vivante.</p> <p>Quand j’ai accepté un poste à l’Université de Montréal en 1987, je ne parlais pas un mot de français. Dix-huit mois plus tard, grâce à l’aide de l’établissement, j’enseignais la biologie végétale dans cette langue.</p> <p>Si je n’avais pas profité de cette occasion d’apprendre le français, j’aurais quitté Montréal plus tôt, et je n’y serais probablement jamais revenu. Je n’aurais pas eu la chance d’élever mes enfants dans cette ville et de les envoyer dans une école francophone.</p> <p>L’Université ɬ﷬ attire des personnes extrêmement talentueuses des quatre coins du Canada et du monde. Nous souhaitons encourager ces personnes à demeurer au Québec et à contribuer à l’essor de la province.</p> <p>Malheureusement, la récente annonce du gouvernement, en raison de l’incertitude financière qu’elle suscite, a compromis le lancement de notre programme. Nous sommes toutefois déterminés à le mettre en œuvre dans un avenir plus ou moins rapproché.</p> <p><strong>Comment se déroulent les discussions avec le gouvernement?</strong></p> <p>Peu de temps après l’annonce des changements proposés, j’ai rencontré en tête-à-tête la ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry. Je lui ai fait part de mes craintes au sujet des répercussions que pourraient avoir ces changements sur l’Université ɬ﷬ et sur les autres universités québécoises.</p> <p>Plus récemment, le recteur de l’Université Concordia, Graham Carr, le recteur de l’Université Bishop’s, Sébastien Lebel-Grenier, et moi-même avons rencontré le premier ministre, François Legault, ainsi que la ministre Déry. Nous leur avons présenté une proposition commune qui, dans notre cas, correspondait étroitement aux objectifs du programme Rayonnement du français.</p> <p>Nous avons demandé au gouvernement de renoncer à la hausse proposée des droits de scolarité et d’opter plutôt pour un partenariat avec les universités visant la promotion de la langue française et la création d’un Québec plus prospère.</p> <p>Pour y arriver, nous lancerions un éventail de programmes conçus pour aider la population étudiante non francophone de l’extérieur de la province à s’intégrer linguistiquement et culturellement à la main-d’œuvre et à la société québécoise.</p> <p>Le gouvernement a salué ces propositions et notre détermination à promouvoir et à protéger la langue française, mais nous ignorons toujours s’il acceptera ce que nous proposons.</p> <p><strong>Que se passera-t-il maintenant?</strong></p> <p>Le débat n’est pas clos. Nous continuerons de démontrer les conséquences négatives que les mesures proposées auraient sur notre établissement, sur le secteur de l’enseignement supérieur et sur la société québécoise dans son ensemble. La province ne gagnera rien à dissuader les personnes talentueuses de venir étudier à l’Université ɬ﷬ et au Québec, et la croissance économique souhaitée par le gouvernement pourrait au contraire en pâtir. Nous sommes déterminés à continuer d’accueillir des étudiants de partout au Canada et du monde entier.</p> <p>Je me réjouis toutefois de constater que nous ne sommes pas seuls. Dans un texte d’opinion publié par La Presse, les dirigeantes et dirigeants de l’Université de Montréal, de l’Université Laval, de l’Université de Sherbrooke, de Polytechnique</p> <p>Montréal et de HEC Montréal indiquent qu’il faut voir les étudiants issus de l’extérieur du Québec « comme des acteurs qui contribuent, comme les étudiants et étudiantes du Québec, à l’excellence, à la qualité, à la diversité et à la pertinence de nos établissements ». Je suis entièrement d’accord avec cette opinion exprimée par mes collègues.</p> <p>ɬ﷬ est une université d’envergure mondiale solidement ancrée dans sa collectivité. Elle est d’abord et avant tout un établissement québécois, dont les contributions à la société québécoise et mondiale sont nombreuses. Nous allons tout faire pour continuer d’apporter notre pierre à l’édifice, et sommes résolus à collaborer avec le gouvernement afin d’atteindre nos objectifs communs : protéger et promouvoir la langue française, tout en renforçant l’économie du Québec et le bien-être de sa population.</p></div> Thu, 18 Jul 2024 13:57:52 +0000 deidre.mccabe@ɬ﷬.Ca 787 at /president ɬ﷬, une université québécoise, pour l’avenir du Québec /president/article/media-and-opinion-editorials/mcgill-une-universite-quebecoise-pour-lavenir-du-quebec <span>ɬ﷬, une université québécoise, pour l’avenir du Québec</span> <span><span>deidre.mccabe@…</span></span> <span><time datetime="2024-07-16T11:32:43-04:00" title="Mardi 16 juillet 2024 - 11:32">mar 16/07/2024 - 11:32</time> </span> <div class="article__body field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field__item"><p class="mds-l-box--standard"><em>Ce texte d’opinion a été publié en français dans <a href="https://www.ledevoir.com/opinion/idees/802699/education-mcgill-universite-quebecoise-avenir-quebec">Le Devoir</a> le 27 novembre 2023.</em></p> <p>Le 13&nbsp;octobre dernier, le gouvernement du Québec a annoncé son intention de plus que&nbsp;<a href="https://www.ledevoir.com/societe/800972/centaines-personnes-manifestent-contre-hausse-droits-scolarite?utm_source=recirculation&amp;utm_medium=hyperlien&amp;utm_campaign=corps_texte">doubler les droits de scolarité</a>&nbsp;exigés des étudiants canadiens universitaires hors Québec et d’imposer une récupération des droits de scolarité versés par les étudiants internationaux. Fièrement québécoise, l’Université ɬ﷬ fournit de nombreuses et importantes contributions à la société. Tout en étant ancrée au Québec, elle assume un rôle de calibre mondial en enseignement supérieur et en recherche fondamentale. À ce titre, les mesures proposées par le gouvernement risquent de nuire gravement à la capacité de l’Université de promouvoir le français, de renforcer l’économie et de faire rayonner le Québec, tant au Canada qu’ailleurs dans le monde.<br> <br> Avant même que la nouvelle politique du gouvernement soit adoptée, les répercussions se font déjà sentir. L’agence de notation Moody’s a donné un avertissement concernant les conséquences importantes de cette décision sur la cote de crédit de l’Université. En effet, une augmentation des taux d’intérêt pour nos projets d’infrastructure en cours coûterait à ɬ﷬ et au gouvernement plusieurs dizaines de millions de dollars.<br> <br> Nous partageons la volonté du gouvernement de protéger et de promouvoir la langue française. D’ailleurs, bien avant l’annonce de ces mesures, l’Université avait présenté son plan de francisation à la ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry. Le programme Rayonnement du français, qui représentait un investissement de 50&nbsp;millions de dollars sur cinq ans pour la francisation des membres de la communauté mcgilloise, était au centre de cette volonté.<br> <br> Malgré les difficultés actuelles, l’Université maintient son engagement de protéger et de promouvoir le français. Le 6&nbsp;novembre dernier, nous avons présenté, conjointement avec les autres universités anglophones, une proposition visant à aider les étudiants non francophones de l’extérieur du Québec à mieux s’intégrer à la société québécoise, sur le plan tant linguistique que culturel.<br> <br> Un récent sondage montre d’ailleurs que 64&nbsp;% des Québécois préfèrent que l’on francise les étudiants de l’extérieur du Québec plutôt que de doubler leurs droits de scolarité. Le gouvernement a l’occasion de faire des universités anglophones de véritables partenaires dans la promotion du français, pourquoi ne pas la saisir&nbsp;?<br> <br> Ce que nous avons toujours souhaité, c’est de permettre aux plus grands talents de la planète de venir étudier à ɬ﷬, de choisir de rester au Québec et de contribuer à notre société. Bien que ɬ﷬ ait une capacité extraordinaire d’attirer ces talents, elle se mesure néanmoins à d’autres universités. Si les droits de scolarité des étudiants de l’extérieur de la province augmentent comme le gouvernement le propose, les universités québécoises seront de loin les plus coûteuses au pays. Elles ne pourront tout simplement plus se mesurer à leurs homologues canadiennes dans la course aux meilleurs étudiants. Ainsi, la mesure proposée nuira non seulement à nos universités, mais aussi à notre capacité de recherche fondamentale et d’innovation, et affaiblira ainsi le Québec.<br> <br> Il est important de rappeler que ɬ﷬ est au coeur de nombreux réseaux de recherche, collaborant avec d’autres universités au Québec, au Canada et à l’étranger. Ces réseaux permettent le regroupement de talents, d’idées et de connaissances dont une économie a besoin pour se développer. ɬ﷬ a ainsi contribué, en partenariat avec d’autres universités du Québec, à nourrir de riches écosystèmes d’innovation, par exemple dans les domaines de l’<a href="https://www.ledevoir.com/intelligence-artificielle-ia?utm_source=recirculation&amp;utm_medium=hyperlien&amp;utm_campaign=corps_texte">intelligence artificielle</a>&nbsp;en créant Mila avec l’Université de Montréal, de la recherche médicale avec l’Université de Sherbrooke, ou des batteries avec l’Université du Québec à Trois-Rivières.<br> <br> Au moment où le Québec fait face à de nouveaux défis, le gouvernement doit permettre à l’Université ɬ﷬ de continuer à promouvoir l’innovation dans les domaines d’avenir et à favoriser l’attrait des meilleurs talents, quelle que soit leur origine.<br> <br> Il faut donner au Québec les moyens de ses ambitions. De notre point de vue, cela passe également par une plus grande confiance en la culture du Québec, et en sa richesse et sa vitalité. Les universités québécoises, tant francophones qu’anglophones, sont un vecteur de notre culture. Elles permettent à des milliers d’étudiants de tous les horizons de la découvrir, de s’en imprégner, puis de la partager tout au long de leur vie, et ce, partout où ils se trouvent.<br> <br> Limiter l’accès aux études supérieures en exigeant des droits de scolarité trop élevés plutôt que d’accueillir, de franciser et d’intégrer les d’étudiants hors Québec à notre main-d’oeuvre est un non-sens. Cela ne ferait que freiner l’essor de notre économie et empêcherait notre culture de s’épanouir, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de nos frontières.<br> <br> Nous recommandons donc au gouvernement du Québec de reporter toute décision le temps d’étudier en profondeur la question des droits de scolarité, afin de s’assurer que ces derniers sont concurrentiels par rapport à ceux des autres universités canadiennes. L’avenir du Québec en dépend. L’économie et la prospérité du Québec dépendent de la contribution unique de chaque université.</p></div> Tue, 16 Jul 2024 14:58:36 +0000 deidre.mccabe@ɬ﷬.Ca 785 at /president Deep Saini: “There are so many opportunities out there for ɬ﷬. We must be bold” /president/article/media-and-opinion-editorials/deep-saini-there-are-so-many-opportunities-out-there-mcgill-we-must-be-bold <span>Deep Saini : « Le champ des possibilités est si vaste pour ɬ﷬. Soyons audacieux! »</span> <span><span>deidre.mccabe@…</span></span> <span><time datetime="2024-07-15T09:08:45-04:00" title="Lundi 15 juillet 2024 - 09:08">lun 15/07/2024 - 09:08</time> </span> <div class="article__body field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field__item"><p class="mds-l-box--standard"><em>Cet article a été publié en français dans <a href="https://reporter.mcgill.ca/deep-saini-le-champ-des-possibilites-est-si-vaste-pour-mcgill-soyons-audacieux/">le ɬ﷬ Reporter</a> le 15 décembre 2022.</em></p> <p>Deep&nbsp;Saini entreprendra son mandat comme 18<sup>e</sup>&nbsp;principal et vice-chancelier de l’Université ɬ﷬ le 1<sup>er</sup> avril 2023. Il est impatient de découvrir les nouveaux visages qui peupleront ses premières semaines de principalat, et il sait qu’un visage familier veillera sur lui.</p> <p>«&nbsp;J’ai un portrait de mon père sur le mur de mon bureau en guise de reconnaissance pour ce qu’il a fait pour moi, dit-il. Mais surtout, ce portrait me rappelle à quel point l’éducation peut changer une vie.</p> <p>L’éducation est le fil d’Ariane de la vie et de la carrière de Deep Saini, celui qui l’a conduit d’un bout à l’autre de la planète. Le P<sup>r</sup>&nbsp;Saini a grandi en Inde, où il a obtenu un baccalauréat et une maîtrise ès sciences spécialisés de l’Université agricole du Pendjab, située à Ludhiana. Il est également titulaire d’un doctorat en physiologie végétale de l’Université&nbsp;d’Adélaïde, en Australie.</p> <p>Il est arrivé au Canada en 1982, après l’obtention d’une bourse de recherche postdoctorale de l’Université de l’Alberta. Il a toujours vécu au Canada depuis, si l’on excepte un séjour de trois ans en Australie à titre de vice-chancelier et président de l’Université de Canberra. Le P<sup>r</sup> Saini a enseigné à l’Université de Montréal pendant 18 ans, puis a occupé divers postes de direction aux universités de Waterloo et de Toronto. Depuis 2020, il est président et vice-chancelier de l’Université Dalhousie.</p> <p>Mais en réalité, le parcours exceptionnel de Deep Saini est intimement lié à celui d’un autre petit garçon – son père – et a débuté il y a de cela un siècle.</p> <p>*</p> <p><em>Pendjab, Inde, années&nbsp;1920. La voie du petit Chanan Singh Saini, six ans, est déjà toute tracée.</em><em>&nbsp;Il travaille dans les champs avec ses grands frères pour nourrir la famille, qui pratique l’agriculture de subsistance</em><em>. La famille n’a pas les moyens d’embaucher des travailleurs, et encore moins d’envoyer les enfants à l’école. Comme tant d’autres avant lui, Chanan est destiné à passer sa vie entière sur la ferme.</em></p> <p><em>La famille cultive la canne à sucre. Un jour, le père envoie Chanan au village chercher de l’huile pour le petit moulin qui broie la canne à sucre pour la transformer en sucre. Chanan étant le benjamin, la famille peut s’en passer plus facilement à la ferme.</em></p> <p><em>Près du village, il passe devant l’école primaire, qui ne compte qu’une seule classe et vient tout juste d’ouvrir ses portes. S’il était passé quelques minutes plus tôt ou plus tard, il n’aurait peut-être pas vu l’enseignant distribuer des bonbons et de petits livres d’alphabet.La campagne de recrutement allait bon train.</em></p> <p><em>Incapable de résister à l’appel des friandises et du livre, Chanan oublie complètement la raison de sa venue au village. Il s’assoit et passe la journée entière en classe. Chanan vient de vivre sa première journée d’école.</em></p> <p>*</p> <p>Pour Deep&nbsp;Saini, la vie est une suite d’occasions à saisir et de possibilités à explorer. Récemment, il s’est entretenu avec le&nbsp;<em>ɬ﷬ Reporter</em>&nbsp;depuis son bureau de l’Université Dalhousie. Sa femme Rani et lui venaient tout juste, quelques minutes à peine avant l’entrevue, de conclure l’achat de leur nouvelle maison à Pierrefonds-Roxboro, à l’extrémité ouest de l’île de Montréal. Ils sont ravis de revenir à Montréal, ville qui a vu grandir leurs enfants, et de se rapprocher de leurs petits-enfants. En effet, leurs deux filles, aujourd’hui mères de famille, habitent Ottawa.</p> <p>Dans son esprit, mille possibilités s’offrent à l’Université ɬ﷬.</p> <p>Il suit de près l’achèvement prochain du métro léger, le REM, qui desservira l’Ouest-de-l’Île. Et le voilà qui se demande comment ce REM pourrait faciliter la vie des étudiantes et étudiants du campus Macdonald. ɬ﷬ inaugure son nouveau campus de médecine en Outaouais? À la bonne heure! Pourrait-on envisager l’ouverture d’autres campus satellites, la conclusion de partenariats avec d’autres universités ou le « partage » d’éminents membres du corps professoral, par exemple des prix Nobel, grâce aux technologies d’apprentissage à distance?</p> <p>Ce ne sont pas les idées qui manquent.</p> <p>« Montréal est la ville universitaire par excellence au Canada, déclare le P<sup>r</sup> Saini. Je me réjouis de voir l’Université ɬ﷬ nouer de si belles collaborations, notamment avec l’Université de Montréal et Polytechnique Montréal. Je pense qu’un nouveau monde émerge en ce moment à Montréal et que nous y tenons un rôle essentiel. »</p> <p>« Le champ des possibilités est si vaste pour ɬ﷬. Soyons audacieux! »</p> <p>Le P<sup>r</sup> Saini a pris les rênes de l’Université Dalhousie quelques semaines à peine avant que la COVID-19 ne vienne ébranler le monde. À peine installé dans sa présidence, il a guidé de main de maître son établissement dans la tempête qui, au même moment, s’abattait également sur l’Université ɬ﷬ : cessation immédiate des activités universitaires en mars 2020, passage abrupt à l’apprentissage et au travail à distance, virage logistique dans les résidences étudiantes, soutien psychologique pour les personnes en isolement, coordination des activités de dépistage sur le campus, apprentissage hybride et organisation du retour en présentiel.</p> <p>À l’heure où le monde entier se tourne résolument vers l’avenir après plus de deux années de pandémie, Deep&nbsp;Saini entend bien plonger dans « une vague créatrice qui balaiera tout sur son passage ».</p> <p>Là où certains parleraient d’une conjoncture incertaine, le P<sup>r</sup> Saini, lui, voit plutôt des occasions à saisir.</p> <p>« Nous devons rétablir la cohésion dans les organisations, tout en tirant parti des nouvelles technologies de télétravail, affirme-t-il. Comment améliorer la conciliation travail-famille sans perdre l’esprit de collaboration qui règne dans les équipes présentes sur place, dans un cadre de travail classique? »</p> <p>Le P<sup>r</sup> Saini admet qu’avant la pandémie, il ne connaissait pas grand-chose de Teams ou de Zoom. « Aujourd’hui, j’ai l’impression de vivre ma vie sur Teams, lance-t-il dans un éclat de rire. Et j’ai la ferme intention de continuer. »</p> <p>À son avis, les plateformes comme Zoom et Teams présentent certains avantages par rapport à la salle de classe ou de conférence classique.</p> <p>«&nbsp;Il y a beau y avoir un millier de personnes connectées à la réunion, lorsque vous et moi, on se regarde à l’écran, c’est comme si on se parlait en tête-à-tête. J’ai vécu ce genre d’expérience lors d’assemblées générales virtuelles, lorsqu’une personne me posait une question. Si la même assemblée s’était tenue en présentiel, cette personne-là aurait peut-être été assise dans la 70<sup>e</sup>&nbsp;rangée, tout au fond de la salle, et je l’aurais à peine vue.&nbsp;»</p> <p>Cela dit, c’est bien beau le progrès, mais rien ne remplace les bons vieux contacts humains, et le P<sup>r</sup>&nbsp;Saini en est parfaitement conscient.</p> <p>«&nbsp;On ne peut pas donner une poignée de main à l’écran. On ne peut pas non plus véritablement partager son heure de dîner avec collègue à l’écran&nbsp;» nous confie-t-il, lui qui, même s’il boit très peu de café, faisait parfois la queue au Tim&nbsp;Hortons du campus pour pouvoir bavarder avec les étudiants et étudiantes. «&nbsp;Conclure une affaire sur Zoom et dans la vraie vie, ce n’est pas du tout la même chose.&nbsp;»</p> <p>«&nbsp;Ce serait vraiment dommage de revenir aux façons de faire antérieures à la pandémie. Nous devons profiter de l’occasion pour intégrer à nos anciennes façons de travailler les précieuses leçons tirées de la pandémie, soutient le P<sup>r</sup>&nbsp;Saini. Comment transformer notre société et notre université pour le mieux en mettant à profit tout ce savoir et toutes ces expériences? Quelle belle occasion de nous redéfinir!&nbsp;»</p> <p>*</p> <p><em>Chanan revient à la maison ravi après son premier jour d’école, mais ses frères ne l’entendent pas de cette oreille et le punissent pour s’être défilé. Redoutant d’autres punitions, il joue de prudence et décide de rester à la ferme.</em></p> <p><em>Mais voilà que quelques jours plus tard, l’enseignant (celui qui distribuait bonbons et livres d’alphabet) frappe à la porte de la maison familiale. Il supplie le père d’autoriser Chanan à revenir à l’école.</em></p> <p><em>Le père résiste. L’éducation ne lui dit pas grand-chose et il voit mal en quoi elle pourrait améliorer la situation de sa famille. Il a des bouches à nourrir et a besoin de ses enfants&nbsp;à la ferme.</em></p> <p><em>Toutefois, l’enseignant se sent responsable de ses élèves, et encore davantage des enfants qui ne sont pas en classe.&nbsp;Ne se laissant pas démonter, il fait valoir ses arguments et va jusqu’à offrir de payer les maigres droits de scolarité demandés.&nbsp;De guerre lasse, le père finit par céder.</em></p> <p><em>Le lendemain, Chanan est de retour en classe.</em></p> <p>*</p> <p>Deep&nbsp;Saini considère que les universités de recherche&nbsp;– surtout si elles sont financées par des fonds publics, comme ɬ﷬ et Dalhousie&nbsp;– sont responsables tant devant leur effectif étudiant que devant la société.</p> <p>Les étudiants et étudiantes, dit-il, «&nbsp;sont notre raison d’être&nbsp;».</p> <p>Selon lui, il faut communiquer avec eux de toutes sortes de manières. «&nbsp;Les associations étudiantes sont importantes, bien sûr, mais à mon avis, il faut multiplier les canaux de communication. Il faut arpenter les corridors et le campus en étant à l’écoute de l’effectif étudiant, en prêtant l’oreille à ce qu’il a à nous dire.&nbsp;»</p> <p>Et cet effectif étudiant en a dit, des choses, au P<sup>r</sup>&nbsp;Saini. Il lui a parlé, notamment, de sa soif d’apprentissage expérientiel, de formations interdisciplinaires et d’études à l’étranger. Il y a toujours moyen de faire des progrès dans ces domaines, même dans les universités qui offrent déjà des perspectives intéressantes.</p> <p>Pour ce qui est des services rendus à la société, Deep&nbsp;Saini croit que les universités de recherche ont un rôle capital à jouer pour extirper notre monde d’un «&nbsp;bourbier sans précédent&nbsp;», mais que pour y arriver, elles devront collaborer et coordonner leurs actions comme jamais auparavant.</p> <p>«&nbsp;Qui sera la figure de proue de cet effort collectif? Les spécialistes en océanographie? En géographie? En génie? En économie? Les gestionnaires? Les spécialistes du pétrole? Les concepteurs de batteries? Les humanistes, les spécialistes en sciences humaines? En fait, ce sont tous ces gens-là, ensemble.&nbsp;»</p> <p>«&nbsp;Le travail en vase clos est de plus en plus dépassé. Les chercheurs et chercheuses doivent unir leurs forces, parce que les grands problèmes de notre époque sont multifactoriels… et leurs solutions aussi.&nbsp;»</p> <p>Le P<sup>r</sup>&nbsp;Saini estime que grâce à une expertise qui ratisse large, l’Université ɬ﷬ est particulièrement bien placée pour trouver ces solutions.</p> <p>«&nbsp;ɬ﷬ se classe systématiquement parmi les meilleures universités du monde, sur quelque 30&nbsp;000&nbsp;établissements. Cela en dit long sur la qualité de l’Université et de sa communauté, souligne-t-il. Peu d’universités dans le monde disposent de l’effectif de haut calibre et de la force de frappe intellectuelle de ɬ﷬. Cependant, avec ces leviers d’action vient une énorme responsabilité. Si nous ne relevons pas ces défis, qui le fera?&nbsp;»</p> <p>«&nbsp;Les personnes qui trouveront des solutions passeront à l’histoire comme ceux et celles qui auront fait progresser l’humanité.&nbsp;»</p> <p>*</p> <p><em>Chanan était un étudiant brillant. Il a obtenu de modestes bourses qui lui ont permis de faire son cours primaire, intermédiaire, puis secondaire.&nbsp;Après son service militaire, il&nbsp;a été embauché par les services forestiers. Il a commencé au bas de l’échelle et a continué à suivre des cours pour, finalement, obtenir l’équivalent d’un diplôme en foresterie. Il a gravi les échelons et, au moment de sa retraite, était cadre intermédiaire, ce qui est remarquable compte tenu du milieu d’où il venait.</em></p> <p><em>L’éducation a toujours été primordiale aux yeux de Chanan. Les notes de ses quatre fils l’intéressaient plus que les médailles remportées au hockey sur gazon ou en athlétisme. Devant une note de 98&nbsp;pour cent, il était le genre de papa à demander&nbsp;: «&nbsp;Mais pourquoi as-tu perdu deux points?&nbsp;»</em></p> <p><em>Chanan a accueilli dans sa maison des membres de sa famille élargie pour les aider à se forger un avenir auquel, autrement, ils n’auraient jamais osé rêver. Ainsi, l’enseignant du village a posé un geste dont les retombées transcendent les générations.</em></p> <p><em>Les quatre fils de Chanan ont mené des carrières prolifiques en audit, en génie, en foresterie et en enseignement supérieur.</em></p> <p>*</p> <p>Deep&nbsp;Saini croit sincèrement au pouvoir transformateur de l’éducation, à la capacité de l’éducation de changer des vies et de changer le monde… pour autant que les universités sachent s’adapter.</p> <p>Il est la première personne de couleur nommée au principalat de l’Université ɬ﷬ et est parfaitement conscient de la portée de cette nomination. À son arrivée au Canada, il a essuyé des insultes raciales, qui provenaient parfois même de ses collègues. Fidèle à lui-même, il a vu là une belle occasion à saisir. C’est ainsi qu’il s’est fait le champion de l’égalité, de la diversité et de l’inclusion. Sous sa présidence, l’Université de Canberra a lancé son «&nbsp;Aboriginal and Torres Strait Islander Strategic Plan&nbsp;», qui a amené une hausse marquée du pourcentage d’étudiants et d’étudiantes autochtones et a donné lieu à des embauches par grappes de professeurs et professeures autochtones. Pendant le mandat de Deep&nbsp;Saini, l’Université Dalhousie a procédé à plusieurs nominations dans le but d’ouvrir le dialogue et de favoriser l’équité en matière d’emploi ainsi que l’inclusion, en particulier en ce qui a trait aux communautés africaine de la Nouvelle-Écosse et autochtone. En outre, l’Université a inauguré le Black Studies Research Institute et le programme Truro, qui permet aux étudiants et étudiantes de communautés moins favorisées d’entreprendre leurs études sur le campus des sciences de l’agriculture, au sein de petites cohortes disposant de ressources bien à elles, avant de s’installer sur les grands campus d’Halifax.</p> <p>«&nbsp;Je ne perds jamais de vue que j’exerce une influence sur les gens qui m’entourent et m’observent dans l’exercice de mes fonctions&nbsp;», confie le P<sup>r</sup>&nbsp;Saini.</p> <p>«&nbsp;Ma conduite ouvre des portes à d’autres. Si j’ai du succès et que j’agis de manière honorable, les gens voient bien que les personnes issues des minorités peuvent être très efficaces. Et c’est comme ça, très subtilement, que les mentalités évoluent.&nbsp;»</p> <p>«&nbsp;Aujourd’hui, la plupart des universités ont de très bonnes politiques d’EDI. Si je vois des lacunes, je vais intervenir, bien sûr. Mais à elles seules, les politiques et les lois ne changent pas les mentalités. J’ai toujours eu le sentiment que mon point fort, c’était cette capacité de contribuer à une plus grande ouverture.&nbsp;»</p> <p>*</p> <p><em>Chanan&nbsp;Singh&nbsp;Saini&nbsp;n’a jamais oublié la ferme familiale ni la possibilité qu’il a eue d’infléchir son destin. De temps à autre, il rendait visite avec ses fils à ce professeur retraité depuis longtemps qui, un jour, lui avait ouvert tout un monde en lui offrant des bonbons et un livre.</em></p> <p><em>Des années plus tard, sur le point d’entreprendre une nouvelle étape dans son propre parcours remarquable, un de ses fils évoque ces visites avec un émerveillement nullement émoussé par le passage des ans.</em></p> <p><em>«&nbsp;Il y avait une dimension très spirituelle dans ces visites, se remémore Deep&nbsp;Saini, dans le fait de voir cet homme, un enseignant, qui, vraiment, a tout changé.&nbsp;»</em></p></div> Thu, 11 Jul 2024 18:50:03 +0000 deidre.mccabe@ɬ﷬.Ca 779 at /president ɬ﷬, une institution québécoise à part entière /president/fr/article/communications/mcgill-une-institution-quebecoise-part-entiere <span>ɬ﷬, une institution québécoise à part entière</span> <span><span>deidre.mccabe@…</span></span> <span><time datetime="2023-06-20T14:51:48-04:00" title="Mardi 20 juin 2023 - 14:51">mar 20/06/2023 - 14:51</time> </span> <div class="article__body field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field__item"><h2>ɬ﷬, une institution québécoise à part entière</h2> <p><br> <strong>Deep Saini</strong><br> <em>Principal de l’Université ɬ﷬ depuis le 1<sup>er</sup> avril 2023</em></p> <p>Je suis arrivé à Montréal en décembre 1987, ne parlant pas un mot de français. Moins de deux ans plus tard, j’enseignais la biologie à l’Université de Montréal, en français. Je suis resté 18 ans à Montréal. C’est ici que ma femme et moi avons élevé nos enfants, qui sont allés à l’école en français. Aujourd’hui, je reviens dans cette métropole que j’aime tant : Montréal, c’est chez moi!</p> <p>Des milliers d’étudiants et de chercheurs de l’Université ɬ﷬ ont suivi un parcours similaire au mien, qu’ils soient québécois, canadiens ou qu’ils viennent d’ailleurs dans le monde. Ils ont été formés à Montréal et ont fait avancer la recherche et l’innovation québécoises. Plusieurs sont restés et se sont intégrés à la société québécoise. Certains sont partis vers d’autres horizons pour revenir plus tard. D’autres ne sont pas revenus, mais ont gardé des liens étroits avec ɬ﷬, Montréal et le Québec.</p> <p>Nous connaissons tous Moderna, qui a notamment développé un vaccin contre la COVID-19. Le cofondateur, Noubar Afeyan, d’origine arménienne, a passé une partie de son enfance à Montréal et a obtenu son diplôme en génie chimique de ɬ﷬. Récemment, il expliquait devant un auditoire à la Conférence de Montréal que la décision de Moderna d’opter pour la région métropolitaine comme lieu de sa première usine hors des États-Unis reposait sur le fait que Montréal possédait toutes les qualités pour assurer le succès de ce projet, notamment la présence d’une université reconnue internationalement en recherche sur l’ARN messager : ɬ﷬. Voilà un exemple éloquent qui démontre que le Québec profite de l’excellente réputation de ɬ﷬ et de son vaste réseau de diplômés.</p> <p>Aujourd’hui, plus de la moitié de nos étudiants sont des Québécois, et la majorité de notre population étudiante parle français. Tous nos étudiants peuvent rédiger leurs examens, leurs travaux et leurs mémoires en français. De plus, notre programme de droit est bilingue. Enfin, nous avons ouvert un campus à Gatineau, où nos étudiants apprennent la médecine en français.</p> <p>Nos collaborations avec les universités francophones sont nombreuses. Pour ne donner qu’un exemple, parlons du Mila, fruit d’un partenariat entre ɬ﷬ et l’Université de Montréal, et qui fait de la métropole québécoise une plaque tournante mondiale de la recherche et de l’entrepreneuriat en intelligence artificielle.</p> <p>Université québécoise et fière de l’être, ɬ﷬ contribue à l’économie, au développement du savoir et à la culture du Québec. Elle est également l’université la plus internationale du pays, et l’une des plus internationales au monde. Nous jouons donc un rôle spécifique au Québec, comme chacun des 19 autres établissements universitaires québécois.</p> <p>Le débat sur le financement des universités anglophones est stérile. Toutes les universités sont financées par le gouvernement du Québec selon la même formule. À part quelques enveloppes spécifiques destinées par exemple aux établissements en région, les universités québécoises reçoivent toutes le même montant par étudiant.</p> <p>Certes, ɬ﷬ bénéficie de généreux dons de ses diplômés. C’est aussi le cas, de plus en plus, pour les autres universités québécoises, quelle que soit leur langue d’enseignement. Faudrait-il pénaliser les établissements qui reçoivent davantage de dons? Ce faisant, c’est le Québec qui serait perdant, car ces dons financent la recherche de pointe, notamment dans les soins de santé.</p> <p>ɬ﷬ attire également d’importantes subventions de recherche des gouvernements québécois et canadien, et de source privée; cela est la résultante de notre excellence dans ce domaine. Voudrait-on freiner les recherches réalisées en nos murs et auxquelles sont souvent associées d’autres universités québécoises? En quoi serait-il bénéfique pour le français au Québec de réduire la recherche faite à ɬ﷬, souvent par des francophones?</p> <p>La ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry, est à revoir la formule de financement des universités. Cette révision a, entre autres, comme objectif de contribuer à la vitalité du français au Québec, notamment dans le domaine de la recherche scientifique.</p> <p>ɬ﷬ partage entièrement cet objectif et souhaite collaborer avec le gouvernement afin de l’atteindre. Il faut en effet protéger et promouvoir le français, et ɬ﷬ s’y emploie déjà. Toutefois, assurons-nous qu’en protégeant le français, on n’affaiblit pas les institutions qui contribuent à la vitalité, à la compétitivité et à la prospérité du Québec. Apprécions toutes nos universités à leur juste valeur. Aidons-les à se développer, peu importe la langue d’enseignement, car la prospérité pérenne de notre société nécessite des efforts coordonnés de chacune d’entre elles.</p> <p>Publié dans <a href="https://www.ledevoir.com/opinion/idees/793344/education-le-debat-sterile-sur-le-financement-des-universites-anglophones">Le Devoir, le 21 juin 2023</a></p></div> Tue, 20 Jun 2023 18:51:48 +0000 deidre.mccabe@ɬ﷬.Ca 668 at /president