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La consommation élevée de cannabis pendant la grossesse associée au retard du développement cognitif

Des scientifiques utilisent l’imagerie cérébrale pour lever le voile sur l’impact de l’exposition prénatale au cannabis à forte teneur en THC sur le développement cognitif à l’âge adulte
Image par Getty Images.
ʳܲé: 18 November 2025

Une équipe du Centre de recherche Douglas a constaté qu’une consommation élevée de cannabis pendant la grossesse peut provoquer des retards de développement du cerveau du fœtus qui persistent à l’âge adulte.

À l’aide de techniques avancées d’imagerie par résonance magnétique (IRM), l’équipe a observé chez la souris les effets de l’exposition prénatale au cannabis à différentes étapes clés du développement.

Les agences de santé publique mettent en garde contre la consommation de cannabis pendant la grossesse, mais la plupart des données disponibles sont de nature observationnelle. Or, cette étude apporte des preuves biologiques montrant comment une consommation importante peut perturber la croissance du cerveau, des premières étapes du développement jusqu’à l’âge adulte.

Publiée dans Molecular Psychiatry, une revue de Nature Portfolio, met également en lumière la puissance accrue du cannabis sur le marché aujourd’hui, comblant une importante lacune dans la compréhension des risques qui y sont associés.

« La légalisation du cannabis étant relativement récente, nous ne disposons pas encore de données à long terme sur les nouveaux produits à base de THC », explique Mallar Chakravarty, professeur titulaire au Département de psychiatrie, chercheur au Centre Douglas et auteur en chef de l’étude. « Nos résultats offrent un premier aperçu des conséquences qui pourraient se manifester d’ici dix ou vingt ans. »

Suivi longitudinal du développement du cerveau

Selon , la concentration du THC dans le cannabis séché est passée d’une moyenne de 3 % dans les années 1980 à environ 15 % en 2022, et la concentration de certaines variétés peut atteindre 30 %.

Pour modéliser une consommation intensive, l’équipe de recherche a simulé une exposition quotidienne équivalente à un ou deux joints contenant plus de 10 % de THC sur une période correspondant au premier trimestre de la grossesse humaine.

Elle a observé des changements dans le développement à trois stades de la vie :

1. Fin de grossesse : Le corps des embryons exposés au THC est plus petit et leurs ventricules cérébraux plus volumineux, signe d’un développement cérébral anormal.

2. Début de vie : Les nouveau-nés prennent du poids plus rapidement, mais la croissance du cerveau est ralentie, indiquant un déséquilibre ou un retard de développement.

3. Adolescence et âge adulte : Le volume cérébral demeure inférieur, surtout chez les femelles, qui présentent également davantage de comportements de type anxieux.

« La bonne nouvelle, c’est que bon nombre de ces retards de développement sont légers et pourraient probablement être palliés par un environnement favorable », indique Mallar Chakravarty.

Modèle 3D du cerveau néonatal montrant les régions où la croissance est réduite (en bleu) et celles où elle est accrue dans les ventricules (en rouge). (Source: Lani Cupo)

Un regard inédit sur le développement tout au long de la vie

Les méthodes employées ont permis d’obtenir un niveau de précision rarement égalé dans les études précliniques, expliquent les scientifiques.

« Cela s’explique en partie par le fait que ce type de recherche exige une immense quantité de ressources », explique Lani Cupo, première auteure, qui a mené la recherche pendant six ans dans le cadre de son doctorat à l’Université ɬ﷬. « Nous avons utilisé l’imagerie cérébrale en temps réel pour suivre le développement tout au long de la vie, une approche rarement employée dans les études sur des souris. »

Des collaborateurs de l’Université de Victoria ont ensuite eu recours à la microscopie à ultra-haute résolution pour observer les changements survenus dans les cellules du cerveau après une exposition au THC.

Mallar Chakravarty (à gauche) et Lani Cupo examinent des images cérébrales au Centre de recherche Douglas. (Source : Yuhan Liu)

Pour des choix mieux informés

Les scientifiques soulignent que certaines personnes consomment du cannabis sans savoir qu’elles sont enceintes, et que d’autres y ont recours pour soulager les nausées ou faire face à l’anxiété et à la dépression – des troubles qui peuvent eux aussi avoir des effets néfastes sur la grossesse.

« Une grossesse n’est jamais “parfaite”, souligne Mallar Chakravarty. L’objectif n’est pas de dire ce qui est bien ou mal, mais de fournir les renseignements nécessaires pour permettre aux gens de prendre des décisions éclairées. »

Une étude de suivi sera menée afin de déterminer si d’autres formes de cannabis – comme les produits comestibles, les produits de vapotage et les produits de CBD – ont une incidence différente sur le cerveau.

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L’article « Impact of prenatal delta-9-tetrahydrocannabinol exposure on mouse brain development: a fetal-to-adulthood magnetic resonance imaging study », par Lani Cupo, Mallar Chakravarty et coll., a été publié dans la revue Molecular Psychiatry. ’étܻ a été financée par les Instituts de recherche en santé du Canada.

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